Florent Marchet

Nadia Viper n’a rien à dire et le fait savoir. C’est le titre d’une cassette audio que le jeune Bastien écoute en boucle pendant qu’il passe à la campagne son adolescence ennuyeuse. Il s’agit d’une cassette orange qui contient les meilleurs sketchs de Nadia Viper, une humoriste au succès frémissant. Nadia Viper et Bastien vont rapidement se rencontrer à la faveur d’un spectacle programmé dans la salle des fêtes un peu défraichie du village de Bastien. Une étrange complicité va naître. Une amitié particulière, presque intéressée. À ce moment-là du récit, Nadia Viper, prête à tout pour se hisser en haut de l’affiche, espère encore faire son premier Olympia et avoir enfin un grand succès populaire. Bastien lui rêve de monter à Paris, d’écrire lui aussi des sketchs, de se produire dans les cafés-théâtres. C’est sûr, Bastien a du talent et Nadia pourrait l’aider. C’est sûr, Nadia aussi a du talent mais pourrait-il l’aider ? Ce garçon qui n’a rien vu et cette femme qui craint de ne plus l’être, s’entraident, s’utilisent et s’usent jusqu’à ce qu’enfin le rideau tombe.
L’admiration raconte la trajectoire de ces deux personnages sur 25 ans. L’histoire questionne la vie d’artiste, l’échec et la réussite, la honte et l’admiration. C’est aussi le roman de la chance, celle que l’on cherche et qui bien souvent nous délaisse. Tout le long, l’auteur alterne les deux points de vue. Un « tu » pour Bastien comme s’il racontait sa vie passée des années plus tard. Un « elle » pour Nadia Viper comme si c’était raconté par un biographe de l’ombre.