apéro litté : Eric Reinhardt

Nous aurons la joie de recevoir Eric Reinhardt pour une rencontre qui lui tenait à cœur, dans un tiers lieu qui l’a séduit. Et la rencontre s’axera sur son écriture, sur une réflexion sur l’art littéraire et sur le lien troublant et mystérieux entre lecteurs et écrivains ! Car son dernier roman parle de tout ça avec un talent indéniable, ancré dans le collectif et en lice pour de nombreux prix ! 

“Sarah, Susanne et l’écrivain”, Éric Reinhardt, Gallimard

Une fois de plus, réalité et fiction s’entremêlent, défiant les repères : de Sarah à Susanne, de l’histoire vraie à sa transposition fictionnelle, deux personnages pour une seule et même figure féminine, et un dialogue de l’écrivain avec une de ses lectrices, Sarah, à qui il raconte le roman qu’il s’apprête à écrire, inspiré de son histoire. L’héroïne de ce roman s’appellera donc Susanne.

Tout au long du récit, on passe de Sarah à Susanne, de la réalité à sa transposition fictionnelle, pour évoquer une seule et même figure féminine. L’histoire commence quand l’héroïne constate le peu d’intérêt que lui porte son mari depuis quelque temps. Chaque soir, il se retire dans un bureau où il a aménagé un studio de musique. Cet « absentement » quotidien affecte l’héroïne qui passe toutes ses soirées seule avec les enfants. Au même moment, à l’occasion d’un acte notarié, elle s’aperçoit qu’il possède 75% de leur domicile. Quelques jours après ce rendez-vous, elle demande à son mari de rééquilibrer la répartition et qu’il accepte de passer ses soirées avec sa famille. Plusieurs semaines s’écoulent sans que rien ne change. Afin d’obliger son mari à avancer, Sarah/Susanne annonce qu’elle va vivre ailleurs pendant quelques semaines, le temps que les choses se décantent. Mais au lieu de provoquer le sursaut de lucidité attendu, le départ de l’héroïne plonge son époux dans un silence absolu. Humiliée, abandonnée par les siens, elle s’enfonce dans la dépression, jusqu’à ce qu’elle arrive à se reconquérir…

On retrouve à travers les pages de ce roman le souffle puissant d’Éric Reinhardt, l’audace de sa narration et la beauté de son écriture. Réflexion sur l’art littéraire et sur le lien troublant et mystérieux qui peut apparaître entre lecteurs et écrivains, c’est aussi un livre d’une grande intensité qui interroge avec éloquence la manière dont on peut se laisser piéger par les conséquences irréversibles de décisions qui semblent parfois secondaires ou provisoires.

Éric Reinhardt est l’auteur de neuf romans, parmi lesquels Cendrillon (Stock, 2007), L’amour et les forêts (Gallimard, 2014), prix Renaudot des lycéens et prix Roman des étudiants France Culture – Télérama et Comédies françaises (Gallimard, 2020), prix Les Inrockuptibles.

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