apéro litté : Hugo Linderberg
Hugo Lindenberg et les éditions Flammarion nous offrent un roman très émouvant, sensible, porté par une poésie intérieure libératrice : “La Nuit imaginaire” nous entraine dans l’errance nocturne d’un jeune étudiant à qui sa tante vient de révéler les circonstances précises la mort de sa mère, survenue quand il n’avait que 6 ans, Gare de Lyon, un matin de septembre, sur les rails. Sa vie en sera bouleversée.
Mais il a conscience et affronte, et pour ce faire il fuit dans les nuits du Marais, au Hangar. Une boîte où les corps se rencontrent sans promesse, portés par le désir, muet mais expressif.
« L’automne. J’y décelais une invitation inédite à remettre à l’heure les aiguilles de mon présent. Après l’hiver, plus rien ne serait jamais figé. »
Cette errance libère ses pensées au présent, mais aussi face au passé qui ressurgit. Il doit comprendre, saisir ce qu’il vit, au présent, au passé, pour un jour quitter ces nuits imaginaires et revenir à une vie réelle, non plus imaginaire mais lucide, ajustée.
Tout est soudain possible ou nécessaire dans ce Paris qu’il traverse comme on traverse le passé. Il est peut-être temps de quitter les nuits imaginaires et d’avoir le courage de se jeter «pour la beauté du geste, la tête la première dans le grand bain».
Ce roman sensible est comme une plongée intérieure et un exil porteur : les rues et les nuits dans Paris, les rencontres offriront peut-être la révélation. La splendeur de cette écriture, comme un abandon total, pour savoir, comprendre, retrouver, nous procure la sensation de lire plusieurs vies parallèles, servis par le talent du narrateur.
La rencontre promet des émotions au mot près, face à un talentueux auteur !
Photo Pascal Ito © Flammarion